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Victime 3

Elle était étudiante, discrète, studieuse, pleine de rêves d’avenir. Le 28 septembre 2009, elle n’avait pas prévu de changer le cours de sa vie. Mais une amie, un meeting, un stade, et la promesse que “tout irait bien” ont suffi à la faire sortir de chez elle. Ce jour-là, elle a tout perdu : l’innocence, la confiance, le silence.

Une manifestation comme les autres. Pourtant, dès les premiers instants, l’atmosphère change. Les slogans cèdent la place aux cris. Les forces de sécurité encerclent le stade. L’insouciance se mue en panique. Ce qui devait être un rassemblement devient un piège.

Des proches de l’une des personnes tuées au stade. Image pris sur RFI

Dire l’indicible, à voix basse d’abord

Parler, au début, relevait de l’impossible. Revivre l’agression, encore et encore, face à un agent, un thérapeute, puis un mari. Chaque mot coûtait, chaque souvenir blessait. Mais peu à peu, les récits ont desserré l’étau. La parole, d’abord chuchotée, s’est faite arme. Et libération.

Pendant longtemps, elle n’a parlé qu’en privé puis les choses ont changé. Grâce à l’accompagnement, à la thérapie, elle a compris qu’elle n’avait pas à se cacher. Elle n’avait rien à se reprocher. Ce n’est pas à elle d’avoir honte. Témoigner, c’est désormais sa manière d’exister. Et de résister.

Après le témoignage, la reconstruction

Le jour où elle a raconté son histoire, un poids s’est levé. Pas une délivrance complète, mais un début. La parole a ouvert la voie à un accompagnement médical, psychologique, à une prise en charge, à une réparation. Ce n’est pas suffisant, mais c’est un pas de plus vers la guérison.

La libération de Dadis, une trahison ressentie

Quand Dadis Camara a été libéré, c’est toute une douleur qui s’est ravivée. L’impression d’un retour en arrière. D’un mépris, une fois encore, pour la souffrance des victimes. Elle n’attend pas de miracle. Mais elle espérait que la justice tienne debout. Et cette fois-là, elle a vacillé.

Témoigner, ce n’est pas revivre le passé. C’est refuser qu’il disparaisse, c’est imposer sa voix dans une histoire trop souvent effacée. Ce récit, comme tant d’autres, est une pièce d’un puzzle plus grand : celui de la vérité, de la reconnaissance, et peut-être, un jour, de la réparation.

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