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Victime 1

« Je suis sortie, il ne fallait pas. »

Le 28 septembre 2009, elle est vice-présidente du parti UFR. Nourrice, mère d’un bébé, elle hésite à participer au rassemblement. Son mari s’y oppose. Malgré la dispute, elle finit par s’y rendre, elle confie son nourrisson à une jeune fille. L’ambiance est électrique à Cosa. Elle appelle ses amies, les encourage à la rejoindre. Ensemble, elles prennent la route du stade.

« Il m’a terrassée. J’ai perdu connaissance. »

La sortie du stade est étroite, la foule se presse, paniquée. Elle tente de s’échapper, contourne un poteau, se faufile dans l’obscurité. C’est là qu’un militaire l’attrape. Elle ne voit que ses pieds, il la jette au sol, elle perd connaissance. À son réveil, elle est seule, attachée dans une pièce sombre. Une natte, de l’eau qui coule, rien d’autre. Elle est violée à répétition.

Scène de brutalisation d’un manifestant par des militaires. Image prise sur RFI

Tout le monde la croyait morte, les proches de son mari sont furieux. « Tu es allée au stade pour te suicider… »

Le retour à la maison n’a pas marqué la fin du cauchemar. Il s’est prolongé dans le silence, la douleur et l’abandon. Plus de relation, plus de dépenses.

Elle devient l’ombre d’elle-même. Somatisée, traumatisée, sans soins. Un an plus tard, elle retourne à Donka. Une amie l’oriente vers une association. Elle y va, sans conviction. On lui prescrit des médicaments, elle commence une thérapie pour dormir.

AVIPA, une lueur d’espoir au cœur de l’obscurité

Elle découvre l’AVIPA. Elle hésite à s’y rendre, par peur d’être encore plus exposée. Mais elle s’y rend. Et pour la première fois, elle est suivie, soignée, écoutée. Elle apprend à fabriquer du savon. Elle en vend dans le quartier. Elle retrouve une dignité, une activité.

« Je ne croyais pas que j’en aurais la force. »

Un jour, on lui propose de témoigner au procès. Elle hésite, son passé la ronge. La honte la tient au silence depuis des années, mais elle accepte. Au tribunal, elle raconte tout. »

Procès du 28 septembre, image publiée par RFI le 19 juillet 2023

Après des années d’isolement, de souffrance muette et de lutte pour la survie, elle commence lentement à se reconstruire. Reprendre une vie sociale, même timidement, représente pour elle un pas immense.

Le capitaine Moussa Dadis Camara en lunettes, ex chef de la junte et son ancien aide de camp commandant Aboubacar Toumba Diakité

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